Langage expressif à 18 mois (4)

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Vidéo : Langage expressif à 18 mois (4)
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Langage expressif à 18 mois (4)

Vidéo / 0-2 ans / Communication et langage, Langage expressif, Phonologie, Sémantique, Syntaxe, Interaction avec les adultes

Le langage comprend deux facettes. La première est le langage réceptif ou la compréhension des mots. La deuxième est le langage expressif ou la production des mots. Le langage réceptif précède le langage expressif. Autrement dit, l’enfant comprend les mots avant d’avoir la capacité de les produire (Boyd et Bee, 2017; Bouchard, 2008; Daviault, 2011; Papalia et Martorell, 2018). Pour plus d'informations, voir le texte théorique Développement du langage : facettes et composantes.

Les premiers mots du lexique de l'enfant sont souvent des noms de proches, Bien qu’au départ le bébé emploie un mot à la fois pour s’exprimer, ces mots isolés, de façon pragmatique, peuvent avoir une fonction plus large que d’exprimer seulement leur sens littéral. Par exemple, ils sont utilisés comme protodéclaratifs ou proto-impératifs (Karmiloff et Karmiloff-Smith, 2003) : dire le mot « balle » à un adulte peut vouloir dire « regarde, une balle » ou « donne-moi la balle ». On utilise le terme holophrase pour désigner des mots isolés qui sont utilisés comme s’ils constituaient toute une phrase (Bouchard, 2008). Souvent, l’enfant utilise son intonation et des gestes pour enrichir le sens de ces mots (Otto, 2006). Le phénomène opposé se produit aussi, certaines expressions de deux ou trois mots sont utilisées comme un tout (exemple : « est là ») : les mots ne sont jamais employés séparément.

Les enfants commencent à produire des phrases de deux mots vers 16-19 mois (Bouchard, 2008; Daviault, 2011, Papalia et Martorell, 2018). Assez souvent, ces premières phrases prennent une forme télégraphique : il s’agit de deux mots qui se suivent, sans article ni proposition (exemples : « encore », « là papa »). Dans ces deux derniers exemples, on parle de mots pivots ou opérateurs (exemple : « là », « encore »), très fréquents, et de mots de classe ouverte (des noms, des verbes). 

On retrouve aussi des combinaisons de deux mots de classe ouverte : « tombé papa », « robe maman ». Bien que ce style télégraphique soit fréquemment observé, il n’est pas présent chez tous les enfants : certains fonctionnent autrement ou utilisent parfois des articles, parfois un style télégraphique (De Boysson-Bardies, 1996). Malgré les apparences, même avec un style télégraphique, certains aspects grammaticaux sont présents : l’ordre des mots n’est pas aléatoire, il y a donc une forme de syntaxe (Otto, 2006).  Pour plus d'informations, voir le texte Développement du langage de 0 à 2 ans.

Les mots utilisés par Constance, âgée de 18 mois, dans cettte vidéo, sont probablement prononcés fréquemment dans des routines avec les adultes qui l'entourent : elle nomme des parties du corps (exemple : « main », « cheveux »), dit « maman » et parle de « dodo ». Elle utilise aussi deux mots qui sont susceptibles de servir de mots pivots dans des combinaisons de mots de style télégraphique : « parti » et « encore ». Ces mots sont aussi fréquemment utilisés dans des routines, comme on le voit lorsque la mère cache puis montre successivement un objet en disant « parti ».

Constance produit aussi quelques expressions où il semble y avoir des combinaisons de mots. Elle dit notamment : « yé là » (pour il est là), « é pé » (pour les pieds), « à maman », « à main » puis « la main » (pour la main) et en haut. Si dans certains cas, il est difficile de savoir si elle utilise bien un véritable déterminant (comme lorsqu'elle dit « a main » ou « é pé » ), dans d'autres cas cela semble plus probable (lorsqu'elle dit « à maman » ou « la main »). Elle n'utilise donc pas toujours un style télégraphique. Enfin, il est difficile de savoir si, pour elle, en haut est une expression d'un seul morceau ou bien une véritable combinaison de deux mots : il faudrait l'observer dans d'autres contextes pour savoir si elle utilise parfois le mot en sans le mot haut (par exemple, en disant en bas).

Références

Bouchard, C. (2008). Je communique : le développement du langage et de la littéracie de 0 à 3 ans. Dans C. Bouchard (dir.) et N. Fréchette (collab.), Le développement global de l’enfant de 0 à 5 ans en contextes éducatifs. Québec, Québec : Les Presses de l’Université du Québec.

Boyd, D. et Bee, H. (2017). Les âges de la vie (5e éd.). Saint-Laurent, Québec : ERPI.

Daviault, D. (2011). L’émergence et le développement du langage chez l’enfant. Montréal, Québec : Chenelière éducation.

De Boysson-Bardie, B. (1996). Comment la parole vient aux enfants. Paris, France : Éditions Odile Jacob.

Otto, B. (2006). Language development in early childhood (2e éd.). Colombus, OH : Pearson Merrill Prentice Hall.

Papalia, D. E. et Martorell, G. (2018). Psychologie du développement de l’enfant (9e éd.). Montréal, Québec : Chenelière Éducation.

Auteur(s): 

Nathalie Fréchette et Paul Morissette

Ayant(s) droit: 

CCDMD

Date de parution ou dernière mise à jour: 

2011-11-09

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